La BMW K1

    En 1989, j'avais 17 ans lorsque cette moto fut mise sur le marché. Je ne m'interressais que très peu aux deux-roues à cette époque, mais déjà cette moto particulière me fascinait. Je ne l'ai jamais oubliée. Et même lorsque cela était le cas, le hasard se chargeait toujours de me rappeler encore à son bon souvenir. Il y en avait, par exemple, un exemplaire garé tous les jours pas loin de l'appartement de celle qui allait devenir ma première épouse.

    La dernière piqûre de rappel eu lieu en décembre 2003 lorsque que je trouvais par hasard une petite annonce sur le Net. Evidemment je souhaitais toujours en avoir une neuve mais c'était hélàs impossible puisque la production cessa en 1993. A moins de tomber sur un exemplaire qu'un médecin aurait acheté un samedi, pour mourrir le lendemain dans un accident de voiture et la moto serait redécouverte par sa famille seulement aujourd'hui (cette histoire est réelle mais pour une Mercedes /8).

    Je m'ennuyais dans mon boulot de bureau et il me fallait faire quelque chose de mes mains. L'entretien des voitures de la famille et de la R1100 RT ne suffisait pas. Il fallait aller plus loin. Alors pourquoi ne pas essayer de remettre dans son état d'origine cette K1 qui me faisait de l'oeil sur le Net?

    Pour l'âge (14 ans!) et le kilométrage (environ 67000 et des brouettes) de cette K1, le prix était honnête me semble t-il. Certes il était très élevé dans l'absolu par rapport à n'importe quelle moto de cette époque mais les Béhèmes ont une cote horriblement exagérée généralement. Il ne fut / n'est pas exceptionnel de trouver des annonces allant de 5500 à 7500 euros pour une K1! Il ne restait plus qu'à obtenir le consentement de Madame N°1, enceinte. Classique "c'est ton argent" en guise de réponse, mais je ne voulais pas qu'elle puisse me reprocher tous les mois l'achat du "tas de ferraille au fond du garage", tas de ferraille à prix d'or!

    Bref, sûr de mon envie de K1, je décide d'aller voir de plus près cette tentation, un dimanche matin de janvier quelque part dans le Nord de la France. Le dilemne en moi était grand, mais je décidais finalement (après un galop d'essai en tant que passager sous un petit crachin bien de là-bas) de dire au propriétaire quelque chose comme "OK je la prends". Rendez-vous était pris pour le dimanche suivant. Moi amenant la somme de mon côté et le propriétaire ayant une semaine pour faire son "deuil" (j'ai encore quelques cyber-contacts avec lui, je crois qu'il la regrette beaucoup).

    Il semblerait que j'ennuyais mon employeur encore plus que son emploi ne m'ennuyait puisqu'il décida de se séparer de moi le mercredi suivant à 14 heures. Debout avec mon carton d'affaires personnelles sur le parking à 15 heures (comme dans un mauvais film), je pensais surtout "comment faire pour que Dom n'accouche pas cette nuit? J'ai peur du choc émotionnel". Les gens ayant chacun leur histoire personnelle, ma première femme le prit très bien et moi je passais immédiatement en mode "dépenses zéro". Il eut donc été raisonnable d'annuler la vente et de passer pour un charlot de plus aux yeux du proprio de la "Kun" (doux surnom trouvé par Madame N°1).

    Pour une fois je n'allais pas être raisonnable. "Va chier le destin! Tu me vires alors que j'ai bossé comme un malade, tu me prives de revenus alors que je vais être papa, tu viens de donner un papa chômeur à ma future petite fille et il faudrait aussi encore que je renonce à mon rêve de jeunesse perdue?" Non hors de question! Gros bras d'honneur au destin! Plus tu chercheras à m'enfoncer, plus je résisterai.

    Et hop, le dimanche d'après, je partais au guidon de cette maginifique K1 bleu lagune de 1990 (merci à mon cher frère d'avoir jouer au chauffeur de ma voiture au retour). J'ai mis 6 mois à retrouver du travail et j'ai fini une remise en état acceptable à mes yeux juste avant de reprendre mon nouvel emploi. Merci de m'avoir viré les gars, sans vous il m'eut été impossible de faire tout cela.

    La photo ci-dessus a été prise par l'ancien propriétaire juste avant que sa K1 ne le quitte définitivement.