29MAI05 (copie mais avec images d'un post sur la Liste)
Salut les @RTistes,
On se rappellera de l’extrême sensibilité du Boxer à quatre soupapes par cylindre face à la précision du réglage du jeu aux soupapes. Plus les jeux entre paire de soupapes sont égaux entre eux (lire 0.150 mm sur chaque soupape d’admission et non pas 0.149 sur l’une et 0.152 sur l’autre), plus le moteur vous le rend en douceur de fonctionnement.
Notez que si les jeux sont à 0.151 mm sur les deux soupapes d’un même culbuteur, ce n’est pas très grave. L’important c’est qu’ils soient le plus proche possible et si possible qu’ils soient égaux aux jeux de l’autre culbuteur identique (d’admission resp. d’échappement), histoire que les deux cylindres travaillent de façon bien identique.
Alors la méthode classique pour s’approcher de cette forme de perfection mécanique consiste à utiliser deux cales de 0.15 mm et deux cales de 0.30 mm par cylindre et de régler chaque soupape l’une après l’autre. On fait coulisser une cale et on se rappelle l’effort à produire alors. On fait de même sur la soupape « jumelle » et on la règle en essayant d’obtenir le même effort de glissement. Et nous voilà parti pour un sacré nombre de passes d’affinage. Franchement avec un peu d’expérience, cela va assez vite, mais aujourd’hui je voudrais vous décrire une méthode plus rapide et qui devrait plaire à tous les débutants.
Elle a
été découverte (ou
inventée) par Anton Largiadèr. Ce Monsieur a un site (http://www.largiader.com/tech/ohvalves/),
mais mécano de métier (amateur ou pas, je ne sais pas),
il s’exprime comme un
manuel d’atelier. Bref il faut un peu vulgariser la prose et
développer un
tantinet, ce que je me propose de faire hic et nunc grâce aux
photos ici :
http://minilien.com/?yOs2du1ffd
(merci à Jim Von Baden).
D’abord comme matériel, il ne faut qu’une cale de 0.15 mm et une seule de 0.30 mm. Ensuite il faut encore une clé Allen de 3 mm, le modèle le plus simple, en forme de « L » comme celui de la trousse à outils et une clé a œil de 10 mm la plus légère possible et avec l’œil dans le prolongement longitudinal de la clé. Je parle de cet outil rare sur mon site (fiche 10700). On peut le trouver chez BMW automobile sous la réf. 71.11-1 103 081. L’intervention est tout à fait possible sans cette clé. Une clé mixte le fera aussi, mais il s’agit simplement pour moi de pinailler un maximum, c’est tout.
On suppose le couvre culbuteur déposé et le piston au point mort haut fin de compression sur le cylindre en question (les culbuteurs ont alors un léger jeu possible en rotation).
On glisse les cales sous chaque paire de patins (après un nécessaire éventuel desserrage) et on les laisse en place. La cale de 0.15 mm est donc coincée à deux endroits entre les queues de soupapes et leur petit patin rotulé respectif. En pratique on remarquera qu’une cale classique du commerce est trop longue du côté de l’admission. Elle touche une partie de la culasse ce qui l’empêche de bien se placer sous les deux patins. Il faut donc soit se trouver une cale plus courte (comme sur la photo) ou couper la cale déjà en votre possession.
On desserre le premier contre écrou et on introduit le côté long de la clé Allen dans la vis de réglage. A présent faites doucement rouler alternativement la clé entre votre pouce et votre index jusqu’à ce que la vis de réglage arrive en butée contre la queue de soupape surmontée de la cale.
Faites cette opération plusieurs fois et vous constaterez (à sa petite extrémité) que la clé s’arrête toujours au même endroit. Elle fait cela parce que la clé est légère et que sa faible inertie n’enfonce pas la soupape et/ou n’écrase pas la cale.
Notez l’endroit où s’arrête la clé. Maintenez la bien à cet endroit tout en lui appliquant un très léger effort et serrez le contre écrou (à 8 mN pas plus*).
Faites la même chose sur les 3 autres soupapes. Puis saisissez la première cale EN SON MILIEU (c’est-à-dire entre les deux soupapes « jumelles ») et extrayez là de côté (donc vers l’avant ou l’arrière de la moto selon le cas, mais PAS vers le haut ou le bas). Si elle coince un peu plus sous une soupape que sous l’autre vous le remarquerez immédiatement. Si tel est le cas, recommencez le réglage sur la soupape où cela coince le plus.
Finalement récupérez les deux cales et recommencez sur l’autre cylindre. Voilà c’est terminé.
Qu’y a t-il de nouveau dans cette méthode ?
- Le fait qu’on détermine en une seule fois la position finale de la vis de réglage,
- le fait qu’on ne fasse plus glisser la cale des dizaines de fois et
- le fait qu’on contrôle en une seule fois que l’effort de coincement est identique entre chaque patin et chaque queue de soupape.
Un bourrin ne risque t-il pas d’abîmer localement la cale ?
Non car
- à cause du très faible bras de levier qu’on exerce sur la partie longue de la clé (lorsqu’on la roule entre les doigts) et de sa très faible masse, l’effort de serrage de la cale (et le risque d’enfoncer la soupape) est (sont) très faible(s)
- en serrant le contre écrou, le jeu augmente légèrement ce qui diminue encore l’effort de coincement de la cale.
J’ai pu essayer cette méthode sur la 1150 de Pierrot67. Le gain de temps est appréciable pour une approche rapide. En théorie cela suffit amplement et le débutant pourra s’arrêter ici s’il le souhaite. Reste les esprits chagrins comme moi qui préfèrent encore peaufiné avec quatre cales (merci pour la patience, Pierre ! Imaginez : à la fin, je tournais la vis de réglage de 3 mm en bout de clé soit environ 3 mm sur un rayon de 60 mm, avec un pas de 0.5 mm sur la vis cela fait à peu près 3/(2*60*pi)*.5=0.004 mm ! Mais Pierre aussi sentait la différence de résistance au glissement dans la cale. Aux fous !).
Je vais mettre la fiche 10700 à jour. Si des conc ou certains de leurs mécanos nous lisent, qu’ils essaient cette méthode. Elle est très rapide. Plus d’excuse pour mal faire le jeu aux soupapes par manque de temps. Ça devrait rentrer largement dans les « VT » et le taux de satisfaction en clientèle augmenter de façon exponentielle (si la synchro est du même tonneau).
A bon entendeur,
i4
* Il est important de serrer les contre écrous à des valeurs très proches de façon à ce que le jeu soit augmenté sensiblement de la même quantité sur chaque soupape. Le mieux est de le faire à la main. Avec la légère clé, cela est relativement facile. Par acquis de conscience, on pourra faire une passe finale à 7 ou 8 mN avec une bonne clé dynamométrique. Les contre écrous devraient encore tourner légèrement. Si la clé déclenche et que rien ne bouge, vous aviez déjà serré trop fort ! Recommencez.
Avec la clé dynamométrique, il est facile de s’entraîner sur une autre vis M6 à tête hexagonale (clé de 10 mm). Serrer la vis à la main et faites une passe à la clé dynamométrique. Lorsque vous aurez atteint la bonne valeur à la main, la clé ne fera presque plus bouger la vis.